Situation réelle
Tu débutes. Tu as des questions, des doutes, besoin de perspective. Un bon mentor peut transformer ta trajectoire. Mais comment en trouver un ? Et comment construire cette relation ?
Ce que j’ai observé : les meilleurs mentorships émergent organiquement, pas via programmes formels. Ils se construisent sur valeur mutuelle, pas demande unilatérale.
Le faux problème
Le faux problème serait de chercher “LE mentor parfait” qui résoudra tous tes problèmes. En réalité, tu auras plusieurs mentors dans ta carrière, chacun pour des aspects différents.
Un autre faux problème : attendre qu’un mentor te trouve. En réalité, c’est à toi d’initier, de créer de la valeur, et de construire la relation.
Le vrai enjeu
Le vrai enjeu est de comprendre ce qu’est un bon mentor et comment construire cette relation :
Les 3 types de mentors :
Type 1 - Mentor technique : Rôle : t’aide sur compétences techniques, code reviews approfondies, patterns, architecture. Profil idéal : dev senior/staff dans ton domaine, pédagogue. Durée : 1-3 ans généralement. Valeur : accélération apprentissage technique massif.
Type 2 - Mentor carrière : Rôle : perspective sur trajectoire, navigation politique, choix stratégiques (IC vs management, spécialiste vs généraliste). Profil idéal : 5-10 ans d’avance sur toi en carrière. Durée : 2-5 ans, évolue avec ta carrière. Valeur : éviter erreurs stratégiques coûteuses.
Type 3 - Mentor ponctuel/situationnel : Rôle : aide sur problème spécifique (négociation salaire, choix boîte, gestion conflit). Profil idéal : expertise sur problème précis. Durée : quelques sessions. Valeur : guidance ciblée au bon moment.
Les 5 qualités d’un bon mentor :
Qualité 1 - Disponibilité réelle : Réalité : mentor qui promet mais jamais dispo = inutile. Indicateur : répond messages, honore rendez-vous, donne temps régulièrement. Validation : avant formaliser, tester disponibilité sur 1-2 mois.
Qualité 2 - Expérience pertinente : Réalité : mentor doit avoir traversé ce que tu traverses ou veux traverser. Exemple : mentor reconversion si tu te reconvertis, mentor management si tu vises ça. Validation : parcours aligné avec tes objectifs.
Qualité 3 - Pédagogie et patience : Réalité : excellent dev ≠ bon mentor. Faut capacité expliquer, patience, écoute. Indicateur : tu comprends mieux après échanges, pas plus confus. Validation : premiers échanges te clarifient ou embrouillent ?
Qualité 4 - Honnêteté bienveillante : Réalité : bon mentor dit vérités difficiles avec bienveillance, pas juste ce que tu veux entendre. Exemple : “Cette idée a ces faiblesses” plutôt que juste encouragements vides. Validation : challenge tes idées constructivement.
Qualité 5 - Pas d’agenda caché : Réalité : mentor cherche t’aider, pas te recruter, te vendre service, ou satisfaire son ego. Indicateur : désintéressé, pas de pression. Validation : relation donne sans attendre retour immédiat.
Cadre de décision
Voici comment trouver et construire cette relation :
1. Identifier besoins précis Questions : Besoin aide sur quoi ? Technique ? Carrière ? Problème spécifique ? Cette clarté guide recherche.
2. Chercher dans cercles proches d’abord Candidats : senior dans ton équipe, ancien collègue, connaissance réseau, communauté locale. Proximité facilite relation. Cette approche plus efficace que cold outreach célébrités.
3. Créer valeur avant demander Approche : aider sur quelque chose, contribuer, montrer sérieux. Puis demander café/appel pour conseil. Réciprocité crée relation durable. Cette approche évite demande unilatérale.
4. Commencer informellement Format : “Puis-je t’inviter café pour conseil sur X ?” Pas “Veux-tu être mon mentor ?” qui fait peur. Relation se construit progressivement. Ce naturel fonctionne mieux que formalisation forcée.
5. Entretenir relation Pratique : mises à jour régulières, partage progrès, remerciements, réciprocité (aide où tu peux). Respect temps (préparé, ponctuel, concis). Cette maintenance préserve relation.
Retour terrain
Ce que j’ai observé chez différents profils :
Le mentorship qui transforme : Junior identifie dev senior pédagogue dans équipe. Commence par questions techniques. Senior apprécie curiosité. Relation informelle émerge. 2 ans : code reviews approfondies, conseils carrière, introduction réseau. Junior progresse 2× plus vite. Message : mentorship organique est le plus puissant.
L’erreur du cold outreach : Junior envoie 50 emails à CTOs inconnus : “Soyez mon mentor.” 0 réponse. Résultat : frustration. Message : relation se construit, ne se demande pas à froid.
L’exemple de la réciprocité : Junior demande aide dev senior. En retour : documente apprentissages, améliore doc équipe, aide autres juniors. Senior apprécie contribution. Relation s’approfondit. Message : réciprocité crée relation durable.
Le mentor situationnel : Junior face à choix : startup vs grande boîte. Contact ancien collègue qui a fait les deux. 2 cafés, décision éclairée. Pas relation continue mais aide ponctuelle précieuse. Message : tous mentors ne sont pas long terme.
Erreurs fréquentes (et comment les éviter)
Erreur 1 - Demander formellement trop tôt Piège : premier contact : “Soyez mon mentor !” Réalité : effraie, trop engageant. Correction : commencer par conseils ponctuels, relation émerge.
Erreur 2 - Attendre passivement Piège : “Un jour quelqu’un me mentorera.” Réalité : tu dois initier. Correction : identifier candidats, créer opportunités échange.
Erreur 3 - Ne pas respecter temps mentor Piège : arriver sans préparation, sessions floues, retards. Réalité : mentor donne temps précieux. Correction : préparer questions, être ponctuel, concis.
Erreur 4 - Relation unidirectionnelle Piège : prendre sans jamais donner. Réalité : réciprocité maintient relation. Correction : partager apprentissages, aider où tu peux, gratitude.
Message de responsabilité
Trouver et maintenir un mentor dépend de toi :
- Tu es responsable d’identifier tes besoins et chercher activement
- Tu es responsable de créer valeur et réciprocité
- Tu es responsable de respecter temps et disponibilité du mentor
- Tu es responsable d’appliquer conseils et montrer progression
Un mentor peut t’aider énormément. Mais il ne fera pas le travail à ta place.
Pour aller plus loin
Le livre "Être ou ne pas être CTO" explore le rôle du mentorat à différentes étapes de carrière.
Tu peux aussi consulter l’article "Apprendre à apprendre en tech" ou les autres contenus du pilier "Trouver sa place".