Situation réelle
“Chez nous, on a droit à l’erreur.” Puis première erreur significative, et c’est le blame, la tension, la peur. Le “droit à l’erreur” était cosmétique, pas réel.
Ce que j’ai observé : le vrai droit à l’erreur se mesure à la première erreur significative. Si elle mène à apprentissage sans blame, c’est réel. Si elle mène à pun ition ou évitement, c’était cosmétique.
Le faux problème
Le faux problème serait de croire que “droit à l’erreur” signifie “zéro conséquence”. En réalité, il signifie “conséquences orientées apprentissage, pas punition”.
Un autre faux problème : penser qu’on peut l’afficher sans le ritualiser. En réalité, sans processus concrets (post-mortems, etc.), ça reste théorique.
Le vrai enjeu CTO
Le vrai enjeu est de créer les conditions où l’erreur devient opportunité d’apprentissage :
Les 3 types d’erreurs :
Type 1 - Erreur de bonne foi : Contexte : décision raisonnable avec infos disponibles, exécution correcte, résultat imprévu. Exemple : techno choisie s’avère mauvaise après 3 mois. Réponse attendue : post-mortem blameless, apprentissage documenté, pivot rapide. Réponse toxique : “Pourquoi t’as choisi ça ?”
Type 2 - Erreur de négligence : Contexte : processus existant non suivi, warnings ignorés, raccourcis dangereux. Exemple : deploy prod sans tests malgré process. Réponse attendue : comprendre pourquoi process non suivi (urgence ? pression ?), corriger cause systémique. Réponse toxique : blame individu sans regarder pression système.
Type 3 - Erreur répétée : Contexte : même erreur 3× malgré post-mortems. Exemple : même bug réintroduit 3 fois. Réponse attendue : chercher pourquoi apprentissage n’a pas pris (process ? formation ?). Réponse toxique : “Tu ne comprends rien ?”
Ce qui rend le droit à l’erreur réel :
Élément 1 - Leadership qui partage ses erreurs : CTO partage publiquement (all-hands, retros) : erreurs faites, impact, apprentissages. Cette vulnérabilité modélise comportement attendu.
Élément 2 - Post-mortems systématiques et blameless : Chaque erreur significative → post-mortem obligatoire. Focus système, pas personne. Actions concrètes, pas blame.
Élément 3 - Célébration de la détection : Remercier qui détecte/signale erreur. “Merci d’avoir trouvé ce bug avant prod.” Cette reconnaissance encourage transparence.
Élément 4 - Pas de punition cachée : Erreur ne doit pas affecter éval uation, promo, ou bonus (sauf Type 3 répétée). Vérifier que RH est alignée.
Élément 5 - Budget d’erreur explicite : “On accepte X% échec sur innovation, Y incidents/trimestre sur prod.” Cette tolérance explicite déculpabilise.
Cadre de décision
Voici comment je rends le droit à l’erreur réel :
1. Modéliser par l’exemple CTO partage ses erreurs. All-hands trimestriel : “Mes 3 erreurs ce trimestre et ce que j’en ai appris.” Cette pratique normalise l’erreur.
2. Post-mortem blameless obligatoire Toute erreur significative = post-mortem dans les 3-5 jours. Template structure, facilitation neutre, focus système.
3. Mesurer réaction aux erreurs Survey : “Te sens-tu safe de signaler une erreur ?” Score 1-10. Trend trimestriel. Score <7 = problème culture.
4. Former au blameless Workshop équipe : comment faire post-mortem, comment parler d’erreurs. Cette formation crée culture commune.
5. Vérifier alignement RH S’assurer que erreurs ne pénalisent pas évals, promos. Sinon “droit à l’erreur” reste cosmétique.
Retour terrain
Ce que j’ai observé dans différentes organisations :
Le droit à l’erreur cosmétique : Affiché partout. Première erreur : dev blâmé publiquement. Résultat : erreurs cachées, pas d’apprentissage, incidents répétés.
Le droit à l’erreur réel : CTO partage erreurs publiquement. Post-mortems blameless systématiques. Dev fait erreur coûteuse, post-mortem révèle gap processus, processus corrigé. Résultat : erreur devient opportunité amélioration.
L’exemple de modélisation : CTO all-hands : “J’ai choisi MongoDB, c’était une erreur, voici pourquoi, voici ce qu’on fait, voici ce que j’ai appris.” Cette vulnérabilité change culture complète en 6 mois.
Le budget d’erreur : “On accepte 10% échec sur POCs innovation, 2 incidents mineurs/trimestre sur prod.” Cette tolérance explicite libère expérimentation.
Erreurs fréquentes
Afficher sans incarner “Droit à l’erreur” affiché mais première erreur = blame. Résultat : cynisme, erreurs cachées.
Confondre erreur et incompétence Type 1 (bonne foi) traité comme Type 3 (répété). Résultat : paralysie, personne n’ose décider.
Pas de rituel post-erreur Erreur arrive, pas de post-mortem, pas d’apprentissage. Résultat : même erreur se répète.
RH non alignée “Droit à l’erreur” mais erreur impacte évaluation annuelle. Résultat : message contradictoire, culture toxique.
Si c’était à refaire
Avec le recul, voici ce que je ferais différemment :
Partager mes erreurs dès le premier all-hands Normaliser dès le début. “Voici mes erreurs passées, voici ce que j’en ai appris.” Cette modélisation initiale pose les bases.
Post-mortem template dès 5 personnes Ritualiser le processus avant la première grosse erreur. Cette préparation évite l’impro en crise.
Mesurer psychological safety dès le début Survey mensuel simple : “Safe de signaler erreur ?” Cette mesure révèle culture réelle.
Aligner RH explicitement Discussion franche avec RH : erreurs ne doivent PAS affecter éval sauf Type 3 répétées. Cette alignment évite double discours.
Pour approfondir
Le livre “Être ou ne pas être CTO” explore comment créer une vraie culture d’apprentissage par l’erreur.
Pour approfondir, tu peux aussi consulter l’article “Post-mortem blameless” ou les autres contenus du pilier “Culture & management”.